Ahmed, artisan de khayameya à Daraw, perpétue un savoir-faire égyptien vieux de plusieurs siècles. Dans son atelier, fils et tissus prennent vie pour créer des motifs traditionnels, témoins d’un art qui traverse le temps et les générations.
Un métier d’art à la croisée des époques
Pour Ahmed, chaque panneau de khayameya est plus qu’un simple produit : c’est un témoignage vivant de l’histoire égyptienne.
« Le khayameya, c’est l’âme de notre culture »

Explique-t-il en montrant une grande tenture décorée de motifs géométriques et arabesques colorées, cousus minutieusement à la main. « Ce tissu a d’abord servi à construire des abris pour se protéger du soleil du désert. Aujourd’hui, il est devenu une œuvre d’art qui raconte l’histoire de notre peuple. »
Comme ses ancêtres, Ahmed travaille avec patience et précision. Le processus d’appliqué en aiguille exige une dextérité hors du commun : chaque morceau de coton ou de lin est découpé puis cousu minutieusement pour former des motifs complexes inspirés des portes anciennes, des mosquées ou encore des manuscrits. Ce travail minutieux peut prendre des jours, voire des semaines, selon la taille et la complexité du panneau.
Entre passé glorieux et défis modernes
Si la tradition reste la force d’Ahmed, elle représente aussi un défi constant. Avec le recul du tourisme et les nouvelles tendances de consommation, les commandes se font plus rares. « Avant, nos tentures illuminaient mariages, fêtes et célébrations dans toute la région. Aujourd’hui, les décorations modernes prennent le dessus, et les visiteurs étrangers se font plus rares », confie-t-il avec une pointe de nostalgie.
Pourtant, Ahmed refuse de céder à la tentation d’abandonner. Il a diversifié son offre : coussins décoratifs, courtepointes, sacs, souvenirs…

« Il faut que notre art vive, mais il doit aussi s’adapter sinon il disparaîtra. »
Ahmed incarne la résilience et la créativité d’un artisanat millénaire face aux bouleversements contemporains. À travers ses tissus, c’est toute une histoire d’Égypte qui se déploie, tissée de lumière, de couleur, et d’un savoir-faire précieux. Le khayameya continue ainsi d’habiter les espaces modernes, reliant passé et présent, désert et ville, tradition et innovation.
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