Non loin des majestueux Colosses de Memnon, sur la rive ouest de Louxor, l’atelier Habiba est bien plus qu’un simple lieu de production : c’est un bastion de tradition, un espace où le savoir-faire ancestral du tissage manuel égyptien rencontre un engagement social fort. Chaque fil de coton tissé raconte une histoire, celle d’un héritage précieux et d’une communauté de femmes qui donnent vie à cet art fragile.
Une entreprise familiale et un savoir-faire ancestral

Tout a commencé modestement, avec un seul métier à tisser.
« Il n’y en avait qu’un au départ, puis deux, puis trois… Aujourd’hui, on en compte dix, confie fièrement le responsable de l’atelier. »
Chaque pièce, foulards, châles, djellabas, est entièrement fabriquée à la main. Le secret de cette qualité exceptionnelle ? Le coton égyptien, reconnu mondialement pour sa douceur incomparable.
« Le meilleur coton, c’est le coton égyptien », affirme-t-il sans détour.»
Le tissage est un art patient et minutieux. Transformer le fil brut en étoffe peut prendre jusqu’à deux semaines pour une bobine, et il faut encore plusieurs jours pour achever une seule pièce. « Un châle peut demander de trois jours à une semaine, selon sa complexité », explique-t-il. Chaque étape est soigneusement orchestrée choix des couleurs, tissage, lavage, repassage, broderie, dans un respect absolu du geste artisanal.

Des femmes au cœur du métier
L’atelier Habiba est aussi une aventure humaine, un engagement social.
« Nous préférons employer des femmes.»
Beaucoup sont divorcées ou mères seules et ne peuvent pas quitter leur domicile. On les forme, on leur donne un métier à tisser, et elles travaillent chez elles », explique le responsable. Une dizaine de femmes travaillent directement dans l’atelier, tandis qu’une dizaine d’autres œuvrent depuis leur maison. Pour beaucoup, ce travail représente la seule source de revenu.

“Ce métier n’est pas facile, mais les femmes ont la patience nécessaire. C’est cette patience qui donne toute la beauté au travail », souligne-t-il.“
Un métier en danger
Malgré la passion, l’avenir est fragile. « La jeune génération cherche souvent des métiers plus rapides et faciles. Ce travail demande du temps et beaucoup de précision, beaucoup abandonnent au bout de quelques jours », déplore-t-il. Par ailleurs, le coton n’est plus cultivé localement en Haute-Égypte : la matière première provient désormais du delta du Nil.
La survie de l’atelier dépend grandement du tourisme.
« Si les visiteurs ne viennent pas, nous ne travaillons pas, et sans travail, les femmes n’ont pas de revenus. »
L’atelier lance un appel clair aux pouvoirs publics : « Il faut plus de soutien pour le tissage manuel et faciliter les exportations. Ouvrir les marchés à l’étranger est essentiel pour motiver les femmes et garantir l’avenir de ce métier. »

Un savoir-faire reconnu au-delà des frontières
Habiba a su conquérir une réputation internationale. Le nom de l’atelier figure dans de nombreux guides touristiques français, allemands et américains, ainsi que sur TripAdvisor. La qualité et l’authenticité de leurs produits font toute la différence : « Ce n’est pas comme les produits chinois ou indiens. Ici, tout est fait main, avec du vrai coton, du lin, de la laine », précise le responsable.

Une invitation ouverte
L’atelier Habiba accueille visiteurs et passionnés chaque jour, de 8h au coucher du soleil. « Vous êtes les bienvenus à tout moment. Venez voir comment on travaille, touchez les tissus, discutez avec nous. Ce que nous faisons ici est précieux », conclut-il avec chaleur.

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