Chaque année, l’Aïd al-Adha, ou fête du sacrifice, rassemble les musulmans du monde entier autour d’un moment de foi, de partage et de recueillement. En Haute-Égypte, à Louxor, cette célébration revêt un caractère particulièrement ancré dans les traditions locales. À travers le témoignage d’Hamdia, mère de famille égyptienne, découvrons les rites et valeurs qui rythment cette journée exceptionnelle.
Une prière collective au lever du jour
Selon Hamdia, « la prière de l’Aïd est très importante pour nous. Tout le monde y va, femmes et hommes. Il y règne une grande joie, on ressent vraiment l’esprit de l’Aïd pendant cette prière. » Dès six heures du matin, les invocations commencent et la communauté se rassemble pour la prière, marquant le coup d’envoi des célébrations.
L’origine du sacrifice
L’histoire fondatrice de l’Aïd al-Adha repose sur le récit prophétique d’Ibrahim (Abraham) et son fils Ismaël. Hamdia raconte : « Ibrahim a fait un rêve dans lequel il devait sacrifier son fils. Son fils lui a dit : ‘Fais ce que Dieu t’a ordonné de faire.’ Alors Ibrahim l’a emmené sur la montagne pour le sacrifier, mais un mouton est descendu du ciel. C’est pour cela que nous sacrifions une bête pour l’Aïd. »
Le rituel du sacrifice : un geste de respect et de partage
La tradition veut que le sacrifice d’un mouton ou d’un veau soit effectué après la prière de l’Aïd, conformément à la sunna prophétique. Comme le précise Hamdia : « C’est le boucher qui abat l’animal, bien sûr, ce n’est pas n’importe qui. Il faut que ce soit quelqu’un qui s’y connaisse en abattage, et ils le font avec douceur. »
Le respect de l’animal est primordial : il reçoit de l’eau et de la nourriture avant l’abattage, qui ne doit jamais être réalisé lorsque l’animal a peur. La viande est ensuite découpée en parts distribuées équitablement entre la famille, les proches et les personnes démunies.
La participation des femmes et des enfants
Pendant que les hommes partagent la viande, les femmes prennent en charge le nettoyage des abats. Hamdia souligne : « Nous, les femmes du Saïd (Haute Egypte), on aime bien faire ça. On reste assises à tout nettoyer, la tête, les pieds, les tripes… »
Les enfants, quant à eux, participent avec enthousiasme à la distribution de la viande, développant ainsi un sens précoce de la générosité :
« Ils comprennent comment nourrir un orphelin ou offrir de la viande à quelqu’un de pauvre. »
Nouveaux habits : un symbole de renouveau et de fête
L’achat de nouveaux vêtements est une tradition profondément ancrée dans la célébration de l’Aïd al-Adha. Ce geste symbolise non seulement le renouveau personnel mais aussi la joie de la fête. Pour de nombreuses familles à Louxor, porter des habits neufs le jour de l’Aïd est un moyen de marquer l’importance de cette journée dans le calendrier religieux et social. Cela permet également de rassembler toute la famille autour d’un moment de préparation collective, entre achats, essayages et parfois même confection de vêtements.
La tradition de l’« Aïda » : un don symbolique pour les enfants
Une autre coutume essentielle de l’Aïd est l’attribution d’une petite somme d’argent aux enfants, appelée « Aïda ». Ce cadeau monétaire est offert aux plus jeunes afin qu’ils puissent acheter eux-mêmes un petit présent ou simplement apprendre la valeur de l’argent et du partage. Cette tradition contribue à leur transmettre les valeurs de générosité et de responsabilité, tout en leur permettant de participer activement aux festivités. L’« Aïda » est ainsi un pont entre transmission culturelle et éducation à la solidarité.
Visites aux tombes : un moment de recueillement
En parallèle aux réjouissances, une tradition importante consiste à visiter les tombes des proches disparus. Cette démarche permet de rendre hommage aux défunts, de prier pour leur repos et de maintenir un lien spirituel avec eux lors de cette journée sacrée.
L’Aïd al-Adha à Louxor illustre parfaitement comment foi, tradition et solidarité s’entremêlent pour donner naissance à une célébration riche de sens. Le témoignage d’Hamdia rappelle que cette fête est avant tout un moment de partage, de respect et de communion familiale et sociale.
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