Dans la vallée de Louxor, Ahmed, artisan discret, continue de faire vivre un savoir-faire hérité de plusieurs générations. Face à la modernisation, il défend fièrement un métier manuel profondément enraciné dans la culture égyptienne.
Un métier hérité du passé
Dans une ruelle calme de Louxor, loin des ateliers industriels et des meubles standardisés, Ahmed Abdeen Abdel Mebed Ahmed travaille encore comme le faisaient son père et son grand-père avant lui.
« Je m’appelle Ahmed Abdeen Abdel Mebed. Je viens de la province centre de Najada et j’habite à Louxor depuis vingt ans. »
Le bois de palmier, matériau local et durable, est au cœur de sa pratique. « J’ai appris ce métier de mon père. Nous avons fait évoluer ce métier. Nous avons développé des tables, des lits, des buffets, des lustres…tous faits à partir de palme. »

Un savoir-faire artisanal, patient et rigoureux
Rien n’est laissé au hasard dans le processus de fabrication. Tout commence par la récolte des palmes, qui doivent sécher au soleil pendant plusieurs jours avant d’être travaillées.
“La première chose qu’il t’apprend, ce métier, c’est la patience.”
« La palme prend un certain temps sous le soleil pour que l’eau se retire, puis nous commençons à travailler avec, pour fabriquer les produits. »

Chaque pièce est réalisée à la main, dans un rythme lent, dicté par les matériaux eux-mêmes.
« Tu travailles à ton rythme. Tu dois être patient, car on ne peut pas se précipiter. »

Une journée bien remplie, ancrée dans la tradition
Le quotidien d’Ahmed suit un rythme bien établi : lever tôt, travail manuel toute la journée, puis rangement, avant de recommencer le lendemain. « Mon père commence chaque jour dès le matin, et, si Dieu le veut, nous restons au travail jusqu’à 19h00 ou 20h00. »
« Notre journée est ainsi, et le lendemain c’est la même chose. Chaque jour, c’est sur cette base. »
Un héritage en sursis
La transmission de ce savoir-faire est aujourd’hui menacée. Ahmed le dit avec une certaine résignation :
« J’ai trois filles que j’ai mariées. Je n’ai pas de garçons. Si j’avais eu un fils, je lui aurais appris à travailler. Je suis le seul à l’avoir pris et continué. Mes frères ne travaillent pas dans ce domaine. »
L’artisanat manuel, pourtant si précieux pour la culture locale, risque de disparaître si aucune relève n’est assurée.

Rester ici, avec les siens
Malgré les sollicitations, Ahmed n’envisage pas de quitter Louxor :
“On reçoit beaucoup d’invitations pour voyager, mais je refuse. Je préfère vivre ici. Mon travail est ici, avec les gens ici et mes clients ici.“
Il a choisi l’ancrage, et la fidélité à un territoire qui donne sens à son métier.

Un métier, une mémoire vivante
À travers les mains d’Ahmed, c’est tout un pan de la culture égyptienne qui continue de vivre. Son atelier est plus qu’un lieu de production : c’est une résistance artisanale au temps qui passe.
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